Fermer la recherche

La chaire

Le tailleur de pierre non identifié, qui a exécuté la chaire de Saint-Maurice en 1594 à la demande de Kessler, reçut 49 écus bons, dont 34 furent payés grâce à une donation 22. Dans le même temps, ou peu après, un sculpteur anonyme créa les six statuettes en bois placées aux angles de la cuve. 

Les personnages actuellement visibles - le Christ et les Évangélistes - ont été peints en 1786, mais les photographies prises en lumière rasante permettent d’affirmer qu’en 1601 on peignit les mêmes figures, en buste semble-t-il. 


Vestiges intacts de la polychromie de 1601. À l’extrémité inférieure de la modénature, une zone très réduite a échappé aux interventions successives (1786, 1861, v. 1890). Ainsi, une bande bleue et une bande jaune d’origine ont été conservées.


Statuettes de la cuve de la chaire de Saint-Maurice, les Princes des apôtres et les Docteurs de l’Église latine, sculpteur non identifié, 1594 ou peu après. Bois sculpté et anciennement polychromé.
Dorure de 1786 par Gottfried Locher. Conservation/restauration, 2022/2023. De gauche à droite et de haut en bas : saint Pierre, apôtre et martyr, premier pape; saint Grégoire le Grand, pape; saint Jérôme, cardinal; saint Paul, apôtre et martyr; saint Augustin, évêque d’Hippone et fondateur de l’ordre; saint Ambroise, évêque de Milan.

1786 : apparition du style néo-gothique à Fribourg
Ayant rénové l’église en style néoclassique (1783-1785), on restaura la chaire de manière assez inattendue. Selon la chronique, elle fut dotée d’un nouvel abat-voix et l’ensemble a été magnifiquement peint et doré. 
Sur les pans de la cuve, Locher a peint en camaïeu et en trompe-l’oeil des sculptures en pierre, dressées sur un socle portant leur nom. Ces figures « monumentales » alternent avec les statuettes d’origine, désormais entièrement dorées, posées sur un socle rectangulaire neuf, également doré. Cet assemblage d’éléments nouveaux de 1786 et de figures rénovées datant de 1594 est de caractère néoclassique, tout comme les faux marbres rose, rouge, rougeâtre, rouge violacé, brunâtre et gris, veinés de blanc, qui furent appliqués sur la polychromie de 1601 38. Ajouté lui aussi en 1786, le dorsal représentant Moïse montre un étonnant mélange de styles : les pilastres cannelés superposés, encadrant le panneau, et la sculpture peinte
en trompe-l’oeil sont néoclassiques, mais l’arc en tiers-point de la niche feinte et les remplages dorés des écoinçons sont néo-gothiques.
L’abat-voix de la chaire des Augustins est généralement considéré comme une création du XIXe siècle, une sorte d’imitation de celui de la collégiale Saint-Nicolas de 1828. Or, c’est le contraire qui est vrai. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner la polychromie du dorsal représentant Moïse. La stratigraphie des couches de peintures appliquées sur ce dorsal montre en premier lieu le faux marbre rougeâtre de Locher, recouvert du gris couleur molasse de 1861, puis du faux marbre actuel, peint vers 1890.