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Saint-Sépulcre

Lors de la rénovation de l’église Saint-Maurice de Fribourg, Locher fut demandé pour le nouveau sépulcre dès 1783. 

Le saint sépulcre de Locher est une œuvre sans équivalent dans la production de l’artiste, qui ajouta un dispositif démontable à un enfeu médiéval orné d’une peinture murale maniériste. Cette œuvre composite est le seul saint sépulcre fribourgeois complet, datant de l’époque moderne. La fragilité des supports habituels et l’hostilité des autorités religieuses ont sans nul doute contribué à la disparition des exemples de grandes dimensions, comme ceux du collège Saint-Michel (Pierre Pantly 1700) ou du couvent des Cordeliers (Gottfried Locher et Joseph Sautter 1764/1765).
Sali en raison de mauvaises conditions d’entreposage, jusqu’à sa découverte en 1910, oublié ensuite durant un siècle, le saint sépulcre des Augustins présente l’avantage de ne pas avoir été retouché. Mis à part la « crasse » et quelques dégâts mineurs, il se trouve plus ou moins dans l’état où le peintre l’a livré en 1783.

Dès 1783, une fois le nouveau saint sépulcre monté, le grand ostensoir, contenant le Saint Sacrement, devait être déposé, couvert d’un voile clair, sur la plateforme de l’enfeu. Par prudence, il trônait sous bonne garde sans nul doute. Dans l’église obscurcie, des lampes, vraisemblablement multicolores, et des cierges allumés invitaient le clergé et les fidèles à l’adoration du Saint Sacrement. En raison de la proximité de l’enfeu et du maître-autel, la procession du vendredi et celle du dimanche étaient sans doute allongées. Au retour, on descendait peut-être le bas-côté sud, avant de remonter le bas-côté nord et de pénétrer dans le choeur, pour remettre l’hostie consacrée dans le tabernacle.

La Mise au tombeau de Künimann occupe toute la paroi de l’enfeu. Au sommet de l’arc, à l’arrière-plan, apparaît le Christ ressuscité. L’arcade de nuées, peinte par Locher, est comme une gloire peuplée de chérubins, qui se termine par deux anges adorateurs, agenouillés. Telle une clef d’arc, la pointe de la gloire montre l’Agneau de l’Apocalypse, couché sur le Livre aux sept sceaux 56. Cette figure victorieuse du Christ répond à trois scènes de l’Ancien Testament, placées au niveau inférieur. Peint en couleur, comme l’œuvre de Künimann, le prophète Jonas, rejeté sur le rivage par la baleine (fig. 63), après y avoir passé trois jours et trois nuits, occupe l’antependium 57. La scène annonce à la fois le séjour du Christ au tombeau et sa Résurrection. Les deux piédestaux, peints en trompe-l'œil,